La Creuse à vélo

Essai

Il y a un an, j’ai appris l’existence du tour de la Creuse : France vélo tourisme et tourisme Creuse (400-450km).

Tour de la Creuse – source : komoot.fr

En Creuse il y a peu d’habitants et peu de touristes = moins de voitures. Et donc à vélo c’est le pied !

La ville la plus peuplée en Creuse est Guéret (chef-lieu) avec moins de 15 000 habitants. Ensuite arrive La Souterraine (5 200) et Aubusson (3 400). Bref des petites villes. – source Wikipédia

Le trajet était acté, il me restait à trouver comment accéder au tour.

En train ? le covid 🐛 m’en a dissuadé.

A un moment, j’ai voulu faire l’aller retour Périgueux <> Tour de la Creuse. Mais cela représentait un trajet trop long (plus d’une semaine).

J’ai opté pour une solution hybride : partir de Périgueux et rejoindre la Creuse en ~2 jours. Ce qui laissait 4 jours pour réaliser le tour.

La map du tour 👇

Trajet – source : komoot.fr

Les chiffres

J’avais prévu 474km sur 6j soit ~80km/j.

Ayant déjà parcouru 80km 2/3 jours de suites, réaliser 80km en 6 jours de suites me semblait une bonne idée.

Sauf qu’il y avait un petit détail 😈

Il y avait 6 240m de dénivelé positif et 5 680m de dénivelé négatif ⛰️ #CoucouLeMassifCentral

Ayant réalisé mes premières longues sorties autour de Paris (aka un terrain plat), le dénivelé m’était une donnée étrangère.

Trajet total – source : komoot.fr

En regardant, les chiffres, je me suis dit : « ok, c’est gérable » S’il y a des montées, il y a aussi des descentes. Les deux s’équilibre. #naif #erreur-1

Ca ne m’inquiétait pas plus que cela

Et quand tu regardes la courbe des niveaux

Courbe des niveaux – source : komoot.fr

Tu te dis : hum ok, il y a des montées, mais ça va

Et pourtant Komoot, le planificateur d’itinéraire, m’a bien mis en garde : « attention ce trajet comporte des passages difficiles« .

Pour bien prendre conscience du problème, il faut souligner deux éléments : la remorque (à trainer vs des sacoches) et le développement du vélo (inexistant).

Le développement d’un Brompton standard est une blague. C’est un très bon vélo pour la ville. Pour le tourisme en petite montagne, c’est épique. #erreur-2


Jour 1 : l’insoucience

Départ de Périgueux

Périgueux

Mon véhicule attire l’attention. #BikeLobby

Voie verte longeant l’Isle – Périgueux

Au bout de 15km la voie verte prend fin. J’arrive a une petite montée. 10-15m à 10%

Je me dis ok, je tente. J’ai tenté, mais le vélo a fait une marche arrière.

Oui, oui c’est possible avec une remorque ^^

A cet instant précis, je me suis dis : « merde, ça va être long, je n’ai pas pensé au dénivelé »

Je finis par monter à pied.

Vers midi j’arrive à 40km autour d’Excideuil. Les ennuies commencent. Je suis passé d’une moyenne de 13-15km/h à <10km/h

Les descentes sont tops, j’arrive à faire du 30km/h minimum.

En montée, le compteur affiche 4km/h

Il reste 40km pour atteindre l’objectif de la journée

Je décide de faire un petit détour, 2,5km x 2 pour pic-niquer. #erreur-3

Pour ajouter un peu de piments, le soleil tape bien 25-30°C ♨️

J’ai du boire 1-2L la matinée contre 5L dans l’après-midi

Bref : je n’avance pas, je transpire comme jamais, et il reste du chemin

Plus l’après-midi avance plus je vois le soleil descendre et plus j’ai du mal à voir la fin de l’étape

Vers 19-20h j’arrive à St Yrieix ~70km, j’hésite à m’arrêter pour aller au camping

Je continue, j’arrive dans une zone de travaux

Fuck les PMR et vélo

J’arrivais de la droite, passerelle rouge sur la photo. J’avais le choix entre 1) être créatif pour passer ou 2) faire demi-tour (= descente+montée) pour trouver une autre route. J’ai choisi la créativité 😉

Curieux de connaitre comment maintenir un écart d’1m entre les personnes sur la plateforme #Covid19 🤔

J’arrive à passer, je sors de la ville, les montées recommencent

La nuit approche, je n’ai pas de lieu pour dormir et il me reste 5km. Fatigué, je m’arrête dans un bois au milieu de brebis. 🐑

Je m’avance dans le bois, j’installe la tarp (bâche de camping qui protège de la pluie et permet de gagner quelques degrés).

Le soleil vient de se coucher. 🌅

J’ai faim, je suis fatigué, stressé et la nuit commence

Il reste le hamac à installer et sortir le sac de couchage

🦟 J’entends un moustique, par chance j’ai des manches longues, mais je suis en short

J’installe le hamac

Une nuée de moustiques arrive, merde.

Par chance, j’avais prévu un répulsif au DEET. Bonheur qui ne durera pas… Le produit n’a aucun effet, nada. J’en rajoute partout sur les chaussures, la tarp et le t-shirt.

Toujours rien. Je ne comprends pas, d’habitude ce produit est d’une efficacité redoutable. Tant pis, je change de stratégie.

Je me dépêche de prendre un pantalon pour protéger les jambes.

Hop, les jambes sont protégées.

Ils visent la tête…

Merde, j’enfile une écharpe en « mode afghan » pour me protéger, ils passent aux mains

Je vois de moins en moins loin, la nuit approche. J’entends toujours les moustiques autour de moi.

Au loin, j’entends des bruits :

  • des pas ?!?
  • des chiens
  • des voitures
  • des craquements
  • des animaux inconnus

Et j’ai toujours faim

Je me dis, tentons de faire un feu pour repousser les moustiques et manger chaud 🔥

Je n’arrive pas à démarrer le feu, je n’ai pas eu le temps de ramasser du bois, je prends ce que je trouve autour de moi.

Je place un allume feu dans le réchaud

Au bout de 5′ toujours pas de feu, mais moins de moustiques

Je respire

Je me dis que le repas chaud sera pour un autre jour. Il faut bien 10-15′ pour faire bouillir l’eau, puis 5-8′ pour les pâtes.

Je commence à manger du pain et des graines.

Le « feu » s’éteint, les moustiques reviennent fuck

Je retente de faire un vrai feu

Au bout de 5′ j’arrive à avoir quelque chose de correct

Feu anti moustique

Problème, les braises tombent au sol et enflamme les feuilles…

Et d’autres braises montent et s’approchent un peu trop de la tarp.

Stressé, fatigué et arrivé un peu tard, je n’ai pas pris le temps de dégager la zone autour du réchaud.

Il n’y a plus de moustiques. Je mets le feu à la foret, mais il n’y a plus de moustiques.

Je prends conscience de cette situation ubuesque.

Lorsque la flamme vacille, je me rends compte qu’il fait nuit autour de moi

Et que le feu est la seule source de lumière du coin, je me dis qu’il vaudrait mieux l’éteindre pour rester discret (et éviter de bruler une forêt).

Je verse une gourde d’eau pour l’eteindre

Le feu s’éteint, il me reste 2L d’eau pour demain.

Les moustiques reviennent

Ne voulant pas changer de tshirt pour la nuit de peur des moustiques, je m’enfile avec un t-shirt plein de transpiration dans le sac de couchage. Ce n’est pas top, mais au moins je ne me fais pas trop attaquer

Je réajuste l’écharpe pour ne laisser dépasser que le nez et pouvoir respirer pendant la nuit


Jour 2 : où sont mes jambes ?

La nuit fut courte, réveillé par :

  • un chien
  • un renard x2
  • des moustiques x2-3

Le matin ~6h, j’entends des éternuements 🤧

Je me réveil en sursaut et tente de comprendre

Qui ? Quoi ? Où ?

Quelques minutes plus tard, j’entends des 🐑

Un des moutons tousse.

Je me dépêche de plier le camp et de partir

Je sors de la foret et là, je m’aperçois qu’une roue de la remorque est dégonflée.

Rhaaa, j’ai déjà 5km de retard sur la journée précédente. La journée commence bien ! 😠

Ce qui est bien lorsque nous sommes seul, c’est qu’il n’y a personne. Le seul responsable c’est soi, pas l’autre, pas la nature, pas le mouton, juste soi. Et s’énerver contre soi-même ne sert à rien.

S’énerver c’est comme être enfermé dans une cage. Plus on tape sur les barreaux, plus la cage résonne. Et moins nous nous aimons.

Bon, comment gérer cette crevaison…

Je cherche un tronc d’arbre pour maintenir la remorque chargée sans sa roue.

Je sors la roue, démonte la chambre à air, et ne voit rien.

Je remonte le tout, et repars

5km plus loin, la roue est de nouveau dégonflée

J’en profite pour prendre un petit déjeuner, et démonter la roue une nouvelle fois

Cette fois, je trouve le trou

Je répare la chambre à air, et vérifie qu’il n’y pas un deuxième trou

Je finis mon petit déjeuner et remonte en selle.

A midi, j’arrive péniblement à Saint-Germain-les-Belles. La direction pour le lac de Vassivière est indiquée par la département.

Je fais le plein d’eau, puis décide d’avancer un peu pour déjeuner.

Un peu avant Saint-Méard, je m’installe et prépare un repas chaud. ☕

Quel réconfort !

Je souffle, il ne reste plus que 45km.

Vu le retard accumulé, je prends la décision de m’arrêter au lac de Vassivière -10km sur le trajet prévu.

Plus que 35km

Par cette décision, je sais que je n’arriverai pas suivre le trajet fixé.

Le déjeuner passe vite, trop vite ?

J’avais choisi de m’arrêter sur une hauteur avec de déjeuner, je recommence par une descente, quelle plaisir.

L’après-midi 👇

En milieu d’après-midi, j’arrive à battre mon record de vitesse avec ce vélo 45km/h

A 19h, j’arrive enfin à Eymoutiers, pause gourdes ⛲

Plus que 15km…

… de montées et de descentes

Je pars du principe qu’il me faudra 1 à 2h pour y arriver.

J’aurai le temps d’installer le camp avant la nuit.

Le compteur affiche 8-9km/h de moyenne

J’arrive enfin à Beaumont-du-Lac

Il ne reste que 5km

Par chance la ville a dénivelé négatif, j’en profite !

La température est bien descendu, j’ai froid 🧊

J’arrive enfin au lac de Vassivière !

Je n’y étais pas retourné depuis plusieurs années.

Soulagement, il ne reste plus qu’à trouver un lieu pour dormir.

Au loin, je vois des campings-car et vans aménagés.

Il y a trois campings ouverts, mais je préfère les éviter. je veux dormir à la belle étoile dans la foret.

Je regarde la carte, elle n’est pas suffisamment précise, je bascule sur l’application OsmAnd.

J’y trouve un lieu potentiel à 1km.

Je m’enfonce dans la foret

Quelques mètres plus loin, je trouve le lieu pour la nuit.

Le camp est installé avant le couché du soleil. J’éprouve de la satisfaction.

Je suis lessivé.

Je décide de manger, sauf que je ne suis pas seul à vouloir manger…

Je suis encore chaud de l’effort physique, je dois être le plus gros animal de la zone. Quels insectes sont-ils de sorties ?

🦟 Nos amis les moustiques…

Naïvement, je retente le spray au DEET, toujours aucun succès.

Comme il fait encore jour, j’ai le temps d’en tuer une petite dizaine.

Bon ce n’est d’aucune utilité, d’autres arrivent.

Je rajoute un pull et une écharpe pour éviter limiter les piqûres.

Je finis de manger, m’installe dans le hamac et appelle des amis.

Quel bonheur de s’allonger dans un hamac après une journée d’effort.

Jour 3 : Détente

Changement de programme, je décide de prendre une journée de pause.

Au programme : visite du centre d’art contemporaine de Vassivière et tour du lac de Vassivière.

lac de Vassivière au matin

Petit-déjeuner au bord du lac de Vassivière

Centre d’art contemporaine de Vassivière

Phare de Vassivière

Camping à 15-20km de Vasivière.

J’innove avec la tarp.

Installation au camping

La suite

Le 4° jour, j’ai visité la ville d’Aubusson et Masgot plus au nord.

Aubusson
Masgot

Les derniers jours, j’ai récupéré la véloroute, pour finir à Crozant. J’en ai profitié pour me déplacer avec une carte sans GPS.

Au nord, l’itinéraire est plus plat, moins physique, j’y rancontré plus de cyclistes.

Il m’aurait fallu un à deux jours de plus pour finir la partie ouest du périple, une prochaine fois !

Data


326km vs 474km prévus ~69% réalisés

~47km/jour

Jour 1 : 82km (-5km sur le trajet prévu)

Jour 2 : 68km (-12km sur le trajet prévu)

Jour 3 : 28km

Jour 4 : 50km

Jour 5 : 66km

Jour 6 (matin) : 32km


Rémi

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